Cocorico

1 Du bilinguisme wallon Magazine COC RICO TRIMESTRIEL N°66 / 3ème trimestre 2023 Le numéro 2,50 € Expéditeur : Paul Lefin UCW / Rue Surlet, 20 4020 LIEGE BUREAU DE DEPOT LIEGE X / N°agr. P601169 België-Belgique PB-PP 9/2809

2 Coc rico Magazine Le journal du bilinguisme wallon Editeur responsable : Paul LEFIN 04/3426997 Rue Surlet, 20 4020 Liège Trimestriel tiré à 4000 ex. Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région Wallonne. Avec le soutien du Conseil des langues régionales endogènes Numéro d’entreprise : 478.033.816 Siège Social et Rédaction : Rue Surlet, 20 4020 LIEGE 04/342.69.97 E-mail : secretariat.ucw@gmail.com URL: www.ucwallon.be Comité de rédaction : Monique TIERELIERS Sabine Stasse Joseph BODSON Michel HALLET Bernard LOUIS Johan viroux Imprimerie AZ PRINT : 6, rue de l’Informatique 4460 Grâce-Hollogne Tél. 04/364.00.30 ABONNEMENTS 4 numéros par an : 10 € BE90- 0012-7404-0032 de UCW éditions Soutien du Ministère de la Communauté française, en particulier celui de la Direction générale de la Culture – Service général des Arts de la Scène – Service Théâtre Dè costé dè l’ province 2 Tchin.ne dès Walons Pour s’épanouir dans leur culture, riche et méconnue, qui forge leur identité, les Wallons, les Gaumais et les Picards doivent absolument unir leurs efforts en créant des liens entre tous les producteurs socio-culturels et économiques en langue wallonne, en gaumais et en picard. Prenons ainsi la province du Luxembourg. Un certain nombre de groupements et de manifestations ci-dessous portent un nom dans la langue d’origine de nos régions. Leurs responsables veulent démontrer par là leur attachement propre à celles-ci. (Remarque : Les dénominations reprises sont écrites en wallon ou en gaumais avec les corrections orthographiques qui s’imposent. Les localités sont aussi mentionnées dans la langue originelle la première fois qu’elles sont citées.) 2.1 Sur le plan culturel Les aspects littéraires et linguistiques sont la base de ce mouvement : une littérature riche et nombre de livres de linguistique, dont les rééditions de « 500 expressions pour le dire en wallon » de Laurent Dabe et du « Dictionnaire des

3 di Lucsembourg… parlers wallons du pays de Bastogne » de Michel Francard, « Singuliers », une revue du Musée de la Parole couvrant toute la province, le théâtre (présenté dans l’article précédent) avec 17 troupes la saison dernière, des marionnettes (les « Mautchîs … » (Marche / Mautche), un centre où l’on peut emprunter des pièces en wallon, à savoir la bibliothèque de Bardonwez (Rendeux / Rindeu). Des airs toujours chantés, tels que les « Godîs d’ Aye » (Aye), « Tchantans, tchantans », le véritable hymne des Gaumais, la chanson des « PicheCacayes », et « Carnaval », une composition couvrant toute la Wallonie carnavalesque, interprétée par les « Djiffs », et toutes les autres publiées dans « Su Tchants su Voyes » de Joël Thiry (1). Une association de Bastogne a relancé le jeu de cartes appelé « Mèn’che ». On trouve encore çà et là à l’est de la province le jeu de la « riboulète » ou « clitchète », sorte de flipper manuel, à populariser de nouveau. Ensuite, le folklore est aussi un ciment de notre identité. Avec les « Macrales » (Vielsalm / Lu Vî Sâm) et leur fête d’intronisation en wallon la veille du 21 juillet, les groupes carnavalesques, comme à Bastogne les fameux « PicheCacayes », les « Magneûs d’ Sope », les géants « Troufèt, Tanta , … », les « Cous d’ Bari d’ Borci » (Bourcy), les « Leûps d’ Vâ » (Vaux-Noville) ; à Marche (Mautche), la « Grosse Bièsse », « Ludo, li Bouteû d’ Feû », « li Grand Mautchî », « li Mineû d’ Arèdje », « Midistilfou », les « Macrâles » de la Famenne, « Dèfimautche èt lès Binaméyès Djins », les « Baloûjes di Maurlôye » (Marloie) ; à Barvaux (Barvê) la « Grande Badjawe ». En certains endroits, les grands feux avec le « broûlèdje do l’ macrâle » (Chavanne / Chavane - Nassogne). D’autres géants, « Djan èt Djane » (Virton / Virtan). Pour enterrer des kermesses, dans le nord de la province, on « tchèsse li Vècheû » (le putois) (Vecmont / Vèkemont, Malempré / Mâlimprèy, …) (ou « Vèheû » à Harre / Håre). En Gaume, les habitants de Chiny (Tchini) font la « Dikêce ». Des confréries : « Li Matoufè » (Marche), « Lès Soçons d’ Aurvau » (Orval), la confrérie du « Purnalèt » à La Roche (Lu Rotche) dont le grand maistre est appelé « li p’tit Poyon » et celle des « Scayetons » de Bertrix (Bèrtrè) ; un groupe de danses, la « Plovinète » (Marche / Mautche).

4 En gastronomie, outre le « purnalèt » de La Roche et la « brichaude » de Bertrix, nous avons le « pâté gaumès », le « matoufè » et le « chtroûflâr » (Bastogne), les « vôtes à l’ rapèye » (promues par la confrérie des P’tits Loups (Gouvy / Goûvi) et de nombreuses recettes reprises dans un ouvrage de Joël Thiry (2-3). Lors de fêtes, les concours des « Magneûs d’ Djote » (Houffalize / Houfalîje) et du plus gros mangeur de « pâté gaumès ». La fanfare des « Chofleûs d’ Bûse » (Houffalize), active partout dans la province. Des chants de Noël sont interprétés en wallon à Transinne (Transine) et les jeunes « Tartèleûs » (Ochamps / Ôtchamp) agitent toujours leurs crécelles la veille de Pâques. Enfin, une compagnie théâtrale de Florenville (Floravile) joue en français … mais s’appelle « Lès-Aradjis ». 2.2 Sur le plan social Des « soces di causeûs » sont actives à Charneux (Li Tchaurneu), Libin (Lîbin), Manhay (Man’hê), Vielsalm (Lu Vî Sâm), Bastogne. Des comités comme « À l’ Copète » (Waha / Wahau), l’amicale « Amon nos-autes » (Marche), les « Blancs Linçoûs » (Amberloup / Ambèrlou), les « Murayîs d’ Sètchès Pîres » (Houffalize), spécialisés dans la restauration et la construction de murs en pierres sèches, les « Vîs Bièles », un club de passionnés de vieilles voitures en Gaume, deux club canins, « Lès Leûps » (Smuid / Smu), « Lès Cawèts » (Nassogne). Des clubs de jeunes, souvent devenus des comités des fêtes : les « Piètris » (Givry / Djivri), « Gayèts » (Tillet / Tiyèt), « Surus d’ Boneru » (Bonnerue), leurs voisins, les « Rayîs » (Engreux / Èn’grè), les « Foyans » (Senonchamps / S’nontchamp), « Baloûjes » (BertogneBethomont / Bièrtogne-Bétômont) , « Pîwitches » (Foy / Fwè), « Scolîs » (Lutrebois / Lètrubwès), « Spitrons » (Flamierge / Flamîdje), « Sbarous » (Lutremange / Lètrumindje). Des fêtes intitulées « Li Fièsse dès Tracteûrs » (Grandmenil / GrandMagneni), « Â Bon Vî Timps » (Bovigny / Bomegnî), « R’nuvèye / Nu roûviez nin vos botines » (Erneuville), « Li Ronde dès Fossîs » (Lafosse / Li Fosse), « Li Fièsse di Toûr » (Tour – Durbuy / Dèrbu), les festivals BorqTour (Saint-Hubert / Lu Bork) et « Bitume à l’ Rotche » (Laroche). Des noms de rue en wallon à Vaux-surSûre (Vâ-‘ddé-Rosière), à Engreux, Bonnerue(-lez-Houffalize), Vellereux (Vèr’rè), Vaux-Chavanne (Vâ-d’- Chavan), Heyd (Hé) et Lamormenil (Lamôrmayeni). Des dénominations d’écoles : « Lès P’tit Leûps » à Noville (Novèye), « Lès P’tits Foyans » à Champs (Tchamp) (Bertogne).

5 La commune de Vaux-sur-Sûre possède sur son site internet des clips vidéo en ou sur la culture wallonne réalisés par l’équipe de Guy Mars. En sport, « Li Skiron », club d’auto-cross et de kart-cross à Hives (Hîve), les « Routeûs » (Izel / Ijé), les « Aradjis du Guidon » (Harnoncourt / Harnoncout), un club de cyclotouristes, la course des « Tchèts » à Termes (Térme), le club de marche « Lès Rote-à-Pîds » (Sainte-Ode / Sinte-Oûde), le volleyclub « Lès Baudèts » (Bertrix). Dans la presse, les « spots » commentés par Michel Francard dans le journal « L’Avenir » et l’édition spéciale annuelle avec la première page en wallon composée par Pierre Otjacques lors des Fêtes de Wallonie. Un parcours dans le village de Rogery (Rodjerî) agrémenté de panneaux en wallon. Des noms de salles : « Li Mahonète » (Beausaint / Bêssin), « Li Courti » (Maboge / Mâbodje), « Li Vâ d’ Châvan » (Vaux-Chavanne), « LèsOulines » (Ucimont / Ûcimont), « À l’ Pètite Èscole » (Strainchamps / Strintchamp). Pour pérenniser le souvenir de la Bataille des Ardennes, un monument vient d’être inauguré à Bèche (Vielsalm)… reprenant de plus sur une carte en matériau dur des lieux-dits du village en wallon. Pour terminer, des Journées de la Femme à Houffalize ont été organisées par les « Mamesèles » ; des logements d’insertion « Li Forni » ont été inaugurés à Durbuy ; les écoliers de Fontenoille (Fontenwale), les « Gadots » ont organisé une journée de plantation ; le « P’tit Loucèt » est le nom d’un jardin partagé à SaintLéger (Siét-L’djî) ; à On existe une crèche appelée « Lès P’tits Poyons » ; « Tchèrwè po Mougnî » est à Vaux-surSûre un projet pour former des paysans burkinabés à l’agriculture par attelage. 2.3 Sur le plan économique Au niveau commercial, des magasins : « Li Corti » (Melreux / Mèrleû), où on retrouve tout pour le jardin, deux boulangeries, une à Bastogne dont l’enseigne s’intitule « Vinoz addé vosse boledjî », et « Â bon Vî pan » (Bovigny). Dans le secteur Horeca, les restaurants « Tchâr » (de Julien Lapraille à Bastogne), « Li P’tit

6 Crèton » (Rendeux), les cafés « AusÂrcâdes » (Vielsalm), « Au Cabossî » (Bure / Bûre), « Â Vî King » et « Â Vî Tchèstê » (La Roche) ; les friteries « La Crombîre » (Florenville), « Come à l’ Mâhon » (Vielsalm) ; les magasins de vêtements « Lès P’titès Macrales » (Vielsalm), « Lès P’tits Diâles » (Nadrin / Nâdrin) ; la brasserie des « Tchèts » (Neuvillers / Nûviè). Des produits : les bières « La Cassîdje » (Ethe / Éte), « T’ as l’ Hikète » (Vielsalm), « Les Godîs » (Aye) ; les fromages « Li Gadelî » (région de Bastogne), le « Fènèsse » (Forrières / Forîre). La société ITS Wood de Bertrix produit du charbon de bois sous le label avec l’appellation locale « Tcharbon ». L’ ASBL « Le Voltî » fait circuler notamment dans la commune de Marche une monnaie locale, le « Voltî ». Au niveau touristique, des gîtes : « Li P’tite Mâjon » (Bertogne), « Drî La Pavèye » (Bastogne) ; des panneaux : « O Payis dès Sabotîs » à l’entrée d’ Awenne ((à-n-)Auwin.ne), « À l’ Fontin.ne », « Voye di Mèsse » à Filly (Fèyi), à Bure et le long de sentiers de promenades de l’Ourthe Orientale (Houffalize / Engreux) ; des animations comme le « Martchî d’ èmon nos-ôtes » (Nassogne), « Lès Djins d’ amon nos-ôtes » (Fourneau SaintMichel / Fornê Sint-Michél) ; le centre « O l’ Fosse d’ Oûte » (Houffalize).

7 Conclusion Si l’on ajoute les données provenant des autres provinces wallonnes, bien plus peuplées, le bilan peut s’avérer impressionnant. C’est l’évidence même, tout ceci mérite d’être englobé dans un ensemble, « one Tchin.ne dès Walons » et d’être développé. A binrade ! Johan Viroux Prèsidint d’ l’ U.C.W.-Lucsembourg Sources (1) Joël Thiry, Su tchants su voyes, Chansons villageoises en Ardenne et Gaume, Musée de la Parole en Ardenne, 2014 (2) Joël Thiry, éd., Magnèdjes di manèdjes, La cuisine familiale au bord de l’Ourthe, id., 1999 (3) Joël Thiry, Zimetèye di boute-boutes, Symphonie de cailles en sol d’Ardenne, 2001 Dès novèles do stâje : « LÈS GRANDS-AUBES » Dji v’s-aveu promètu di d’ner dès novèles do stâje « Lès grandsaubes »…Vo-’nnè-là : Come vos l' savoz, dj'a mètu su pîd on stâje di deûs djôus po-z-ayèssî dès djins d’ bon voulwêr por zèls èmantchî dès spitantès sèyances di walon po l’sèfants èt qu’i fuchenuche d’ataque po l’ rintréye dès scoles. Quî-ç’ qu’a stî intèrèssé èt v’nu chûre li stâje ? Trwès djins : li maîsse dèl tauveléye di Cînè, on scolî dèl sicole di walon d’ Djiblou èt on scolî dèl sicole di walon d’ Nameur. Ni crwèyoz nin qui dj’ n’aveu pont faît d’ zûna… sifaît, sifaît ! Li stâje a stî anoncî su totes lès p’titès gazètes sicrîtes è walon èt su l’ site do Sèrvice dès P’tits Lingadjes di Walonîye èt d’ Brussèle (SLRE). Dj’a scrît èto one miète pa tos costés… Aprinde èt s' bin plaîre

8 mins po fini, dji m’a dit qu’ trwès djins, c’èsteut d’djà one pitite binde èt qu’ ça valeut lès pwin.nes di cheûre sès puces por zèls. Douvint qu’ lès djins n’ont nin l’ dâr d'aprinde leû lingadje al djon.nèsse ? Asteûre, lès djins n’ont wêre fiyâte à zèls, fuche-t-i qu’i n’ si sintenut nin capâbes di sèmer l’ walon, tèlmètant qu’i l' causenut au père dès pôces, fuche-t-i qu’i crwèyenut qu' lès maîsses di scole ou lès parints d’s-èfants n’ sèront nin d’acôrd di fé moussî ç’ lingadje-là pa l’ grande pwate dèl sicole ! Mins mi, savoz, dji v’s-acèrtine qui, tot ça, c’èst totès crwèyances do vî timps ! Au pus sovint, au djoû d’audjoûrdu, li walon èst r’cî avou dès sorîres èt dès tchapurnéyes èt lès parints come lès maîsses, ont bin compris qu’ dins l’ câde do Pacte d’excellence, leûs-èfants sèrin.n´ co pus sûtîs qu’ lès-ôtes tot-zapurdant au pus rade, dès lingadjes di d’ ci ou d’ôte paut. Aprinde li walon, c’è-st-one saqwè d’ pus, volà tot, èt l’sèfants s’ front valu avou ç’ lingadje-là dins totes lès places qu’il îront. Assûré, vo di-dj’ ! Asteûre, vos vos d’mandoz ç’ qu’onz-a faît deûs djoûs au long ? Po c’mincî, dj’a présinté l’albom´ kamichibâye « Lès Grands-Aubes » èt l’ cayè pèdagojique qui va avou1. Dj’a dit qui m’ plan, c’èsteut d’ mostrer one vôye po qui l’ walon fuche, quausu d’on côp, choûté, causé/tchanté, lî èt scrît. Ci qui compte po scoler lès djon. nes, c’èst d’ rèlîre dès bokèts plaîjants èt assatchants, avou dès bons èt bias dèssins po-z-èspliquer lès noms/lès vêrbes, èt di n’ nin rovî d’ mostrer leû Présinter l' kamichibâye èt l' cayèt pèdagijique Marius Gigot èt JL Gérard rèspondenut aus quèsses Jean-Louis Gérard présinte li portraît d'on tchin.ne avou one mârionète

9 Li vôye di Lès Grands-Aubes L'aube Douvint qu'on lome l'eûcia li grète-cu biaté ou ç’ qu’il ont d’à paurt èt pwîs, di fé spiter l’ djôye avou : dès tchansons, dès flûtes à l’agnon, dès mots catchîs, dès mots ègayolés, dès mots à discôper èt à plaquer, dès mots à scrîre, à stitchî dins dès boles, dès marionètes à discôper èt à fé causer… Nos-avans faît tot ça èt co d’ pus, ca, po l’ocâsion di ci stâje-ci, dj’a scrît, à môde di djeus, di powézîyes, d’advinias… dès portraîts d’aubes (li ci do tchin.ne, do frin.ne, do fayèmî, d’ l’eûcia qu’on lome co grète-cu, do gayî, do plope, do neûjî, do mèsplî… ) èt d’ sauvadjès plantes (li ci do pingne-di-sôrcîre, dèl fètchêre, do lêre) èt dj’ènn’a présinté saquant´ à mès trwès-apurdices. Po dîre li vraî, nos-avans bouté sins r’lache, zèls, come mi, èt quand l’ chîje do dîmègne a-st-arivé, nos-èstin.n´ tortos naujis mins binaujes au d’là. Mi, pace qui mès djins sont près´ à d’ner dès lèçons d’ walon dins lès scoles èt zèls, pace qu’il ont trové dès raîsons èt dès maniéres dè l’ bin fé. Mi-idéye asteûre, po l’anéye qui vint, ci sèreut d’ priyî lès djins dès tauveléyes èt dès scoles di walon di v’nu veûy èt choûter « LI DJÂRDIN DÈS GRANDS-AUBES » èt mi, dji sèrè vosse guide ! Joëlle Spierkel, li curieûse agasse creeasbl@outlook.be - 081/ 57 04 61

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13 Toute dernière minute (*) Reprise des cours de wallon de la Ville de Liège … Comprendre le wallon … Le parler … L’écrire … Découvrir son histoire … Découvrir sa poésie, sa prose, son théâtre, sa chanson et la culture qui lui est liée… Après les « années covid », le CRIWEWalon è Scole relance les cours de wallon de la Ville de Liège dans une version nouvelle : • Nouvelle équipe pédagogique • Organisation du cours par modules • Certification en fin d’année. Les cours se donneront les jeudis ouvrables (hors congés scolaires) de 18.30 à 20.30, en Outre-Meuse (*), de novembre 2023 à mai 2024. La participation aux frais (frais de photocopie etc) reste fixée à 15 € pour l’année. Les participants aux cours recevront un pass pour assister aux comédies wallonnes proposées par le Trianon – Rue Surlet 20, 4020 Liège – de novembre 2023 à mai 2024. La reprise des cours et séance académique aura lieu le jeudi 19 octobre à 19.00 au théâtre du Trianon avec au programme : une conférence-premier cours donnée par Monsieur Romain Berger, la finalisation des inscriptions. èt, après çoula, on bon vére dèl camaråd’rèye qui nos beûrans èssonnes ! Renseignements et pré-inscriptions au CRIWE-Walon è scole, rue Surlet 20 à Liège 4020… 04/342.69.97 - secretariat.ucw@gmail. com (*) C’èst tot fris’… L’endroit précis est à confirmer, vraisemblablement à l’ECCSA rue Simenon Soutenez l’action de l’Union Culturelle Wallonne en rejoignant les quatre mille abonnés de COCORICO Magazine du bilinguisme wallon 4 numéros par an : 10,00 € A verser sur le compte BE90-0012-7404-0032 de l’UCW Editions

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16 Antoine de SaintExupéry, Le Petit Prince, polyglotte en Francophonies, édition anniversaire éditée par Walter Sauer et Jean-Luc Fauconnier, éd. Tintenfass, 97 pp, 2023. 69239 Neckarsteinach (Allemagne), www.editiontintenfass.e. Dans son introduction, Thomas Rivière, arrière-petit neveu d’Antoine de Saint-Exupéry, rappelle le succès prodigieux du Petit Prince : plus de 15 millions d’exemplaires vendus rien qu’en France, et c’est le livre le plus traduit au monde… De son côté, Jean-Luc Fauconnier situe le cadre de cette publication, qui comprend 29 extraits du Petit Prince, dans des langues du domaine de la francophonie (pris au sens large), chaque extrait étant accompagné d’une traduction en français. Pris au sens large, car on y retrouve aussi bien des langues régionales issues du latin tout comme le français (provençal, picard, wallon…) que des langues répandues en d’anciennes colonies françaises, allant de la Martinique à l’île de la Réunion, et d’autres langues régionales situées en des pays autres que la France : Suisse, Italie…Cette publication comporte principalement des textes issus d’ouvrages publiés précédemment LIVRES NOUVEAUX EN WALLON Une chronique de Joseph Bodson par Tintenfass, augmentées de cinq nouveaux chapitres inédits, et de cinq autres parus chez d’autres éditeurs. Rappelons que Jean-Luc Fauconnier est président du Crombel (Comité roman du Comité belge du Bureau européen pour les langues moins répandues ,asbl) Pour vous mettre en appétit, citons quelques-uns de ces parlers : fracoprovençals de Bresse, francoprovençal valdôtain, fribourgeois, vaudois, créole mauricien, louisianais, guadéloupéen, guyanais, réunnionnais,…et j’en passe. Pour la Wallonie, les traductions ont été effectuées par : Bruno Delmotte (picard), André Capron (pîcard borain), Jean-Luc Fauconnier (wallon occidental (carolorégien), Guy Fontaine (wallon oriental (liégeois), Bernard Louis (wallon central – namurois), (Jean-Luc Geoffroy (lorrain gaumais), Roger Nicolas (champenois). Toujours pour vous mettre en appétit, voici, choisis au hasard, deux courts extraits : Come d’èfèt, su l’ planète dau p’tit prince, come su totes lès planètes, i-gnaveut dès bounes èt dès mwêjès-yèbes. Ça vout dire dès bounès grin.nes di bounès-yèbes, èt dès mwêjès grin.nes

17 di mwêjès-yèbes. Mins on n’ veut nin lès grin.nes. Èle dwârmèt cachémint è l’ têre jusqu’au momint qu’i-gn-a one di zèles qu’a l’ dâr di s’ dispièrter. Adon èle si stind èt bouter, d’abôrd sins ‘nn’oyu l’êr, on nozé p’tit inocint fistu après l’ solia. Si c’è-st-on djèt d’radi’s ou d’ rôzî, on l’ pout lèyî v’nu come i vout. Mins si c’è-st-one mwêje plante, i l’ faut rauyî dè côp,, ossi rade qu’on l’a soyu r’conèche. È gn-aveut dès tèribès grin.nes su l’ planète dau p’tit prince… c’èsteut lès grin.nes di ba.obab’. Gnaveut à r’laye dins l’tère dèl planète. Èt on ba.obab’, s’on lumecinéye, on n’ s’ènnè pout jamés pus fé quite. I lî faut tote li place. I trawe li planète avou sès racènes. Èt si l’ planète èst trop p’tite, èt qu’i-gn-a trop d’ baobab’, i l’ fièt churer. Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’un d’elles de se réveiller. Alors elle s’étire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive. S’il s’agit d’une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut. Mais s’il ‘agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la reconnaître. Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince…c’étaient les graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Or un baobab, si l’on s’y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. Il encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines. Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la font éclater. (wallon central – trad. Bernard Louis)

18 Joseph Dewez, Evôye Abrâm, Sortir du Patriarcat avec le premier patriarche ?, éditions Tétras Lyre, 2022, 166 pp., 14 € Notons dès l’abord que cet ouvrage a reçu le prix Emile Lempereur, décerné pour la première fois cette année, à Châtelet, presque à l’unanimité du jury. Ne vous fiez pas trop au titre : il ne s’agit pas vraiment d’un traité de théologie. Ou bien alors, d’une théologie singulièrement rajeunie, notamment par l’emploi du wallon namurois, mais aussi par le ton bon enfant employé par l’auteur. Sortir du patriarcat, ce n’est pas seulement non plus quitter une période, qui était celle d’Adam et de Noé, pour entrer dans une période plus récente, c’est aussi sortir d’un rapport avec la divinité un peu coincé, introduit le plus souvent par un grondement de tonnerre et des éclairs, pour entrer dans un autre rapport plus intime, plus familier. Nous n’en sommes plus au temps du nihil obstat et des passages à niveau quasi toujours baissés. Non, ici, nous voilà introduits d’emblée dans un dialogue, sur un ton aussi respectueux que familier, avec Abrâm. Mais l’auteur n’hésite pas à le morigéner, à le pousser en avant, et jusqu’en ses derniers retranchements, qu’il s’agisse de ses femmes, du voyage en Egypte, de l’avenir de sa descendance. Parfois, c’est plutôt d’un monologue qu’il s’agit, il s’adresse au lecteur, au public, allant de la réflexion philosophique au clin d’œil malicieux, parfois même à l’indignation…Mais qu’on ne s’y trompe pas, nous sommes bien loin ici d’une sorte d’Enéide travestie. Non, le ton reste grave, même s’il est permis parfois de rire ou de sourire. Jugez-en plutôt, p.101 : Vos t’niz li rwè d’ Sodome dins vos grauwes / èt vos n’ l’avoz nén plumé ! / Minme sès lacètes qui v’lî avoz rindu…/ Vos qui stron.neûve li pû po taner s’ pia, / v’s-avoz bén candji ! / Quirefîye minme qui v’s-èstoz quite di todi djaîri / après l’s afaîres daus-ôtes ? Tu le tenais à ta merci, dans tes griffes, le roi de Sodome, / et tu ne l’as pas plumé / Tu lui as même rendu ses lacets !/ Toi qui étranglais un pou pour en tanner la peau, / tu as bien changé ! /Peut-être même es-tu débarrassé de l’envie/ de t’approprier les affaires des autres ? Et, vers la fin du livre, quand Abrâm laisse la petite Hagar aux « bons soins » de Saraî, le ton se fait même virulent : Vos fioz l’ plat pîd / èt lèyi tchaîr vosse pitite Agâr/ dins sès grauwes !// Chitau qui v’s-èstoz / èt sins keûr. / di l’âme, vos ‘nn’avoz nén / por one fayéye mastoke ! // Dîre qui c’èst vos qui l’ Sègneûr a tchwêzi / po yèsse do pwin bènit / po l’s-ètrangér / èt tos lès p’tits qu’on spotche ! Quelle bassesse ! Tu abandonnes

19 ta petite Hagar / dans ses griffes ! // Lâche que tu es, / sans cœur/ et sans un centime / de courage ! // Et dire que c’est toi que le Seigneur a choisi / pour être du pain bénit / pour les étrangers / et tous les petits qu’on écrase ! Tout cela amène à ramener au plus près de nous les textes qui nous marquaient le plus souvent par un certain orientalisme, et le souffle du désert… Mais le récit s’arrête avant la scène capitale, le sacrifice d’Isaac, sans doute le plus éloigné de notre temps…On peut apprécier,aimer même, la prudence, la patiente lenteur de l’auteur… A l’origine, un atelier d’André Wénin, professeur à l’UCL, de 1998 à 2004, d‘où « une lecture narrative, attentive au texte ». Et Joseph Dewez avoue, tout uniment : « Je me suis surpris à m’adresser directement à Abram (son premier prénom avant qu’il ne s’entende rebaptiser Abraham) » Il nous dit encore : « Ecrire à Abraham au rythme de ses avancées et de ses reculs, de ses doutes et de son indécrottable espérance en un « dieu » qui se définit comme celui qui lui dit : « Ça suffit ! »a été pour moi aussi, du moins je l’espère, un voyage intérieur de lente (et pas terminée !) libération de réflexes patriarcaux. Et c’est cela que je voudrais partager. Mission accomplie…et ceux mêmes qui ne partagent pas la même foi ne pourront rester insensibles à la lente maturation d’un texte qui porte en lui, en creux, les grands problèmes et les grandes souffrances de ce temps qui est le nôtre. Et nous ne pouvons que reconnaître avec lui que la langue wallonne se prêtait particulièrement bien à cette sorte d’ « approximation » (je donne à ce terme le sens positif qui était celui de Charles Du Bos dans ses Approximations, marquant bien ainsi qu’il reste là toute une part d’ombre et de mystère. Joseph Bodson

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