Cocorico

16 les enfants, ont ce don, de faire vivre les choses. Et, il le dit à la fin : toul même assez pétète / pou faire amisse à l’ pétit gins / qu’i vèle su mi. Quand même assez peut-être / pour cajoler le petit enfant / qui veille sur moi. Car notre enfance, elle n’est pas seulement derrière nous, elle est aussi au-dessus, et aussi en-dedans. Nous le verrons ainsi parler à la lune, et nous dire, plus loin, que quand il parle, c’est toujours pour parler à quelqu’un, pour tisser cette fine toile d’araignée qui nous relie à ceux que nous aimons. Le chant plénier alors s’élève, la voix de l’homme qui aime, cette voix qui nous fait, vraiment, hommes, qui nous délivre et nous rehausse : Si t’intinds / au mitan dés barbélés / ein tchant / lés grand-messes du vint // te saras que l’ ciel / ch’é quant ène priseon elle s’éboule / ch’ést quant ein meot i treufe ein geste / el ciel / ch’ést quant l’amour i vint quéquein si tu entends / au milieu des barbelés / un chant / les grand-messes du vent // tu sauras que le ciel / c’est quand une prison s’écroule / c’est quand un mot trouve un geste / le ciel / c’est quand l’amour devient quelqu’un Je pourrais citer bien des passages encore, et vous faire des tonnes de commentaires, que je n’ajouterais rien à toutes ses richesses. Je voudrais seulement vous donner l’envie de le prendre, ce livre, et de le manger, comme on mange de baisers les joues d’un enfant. Deux ou trois vers encore, comme un écho que le vent nous laisse sur son passage, en étrange héritage, et comme l’envie de naître à nouveau, pour une vie nouvelle, une autre vie encore : ej t’écris comme in dminte quoi / à lés neuaches je t’écris comme on questionne / les nuages Mais suivront les Busiries à l’écriène, su tout et rin // in ratindant l’ jour d’après Pensées à la veillée sur tout et sur rien // en attendant demain, ces pensées vespérales sur les jours derniers qui nous restent :mais là dùsque j’finis / à ceulle frantière / inter in d’dins et déhors / inter mi et ti / t’ main elle fait dés miraques. Mais là où je finis / à cette frontière / entre dedans et dehors / entre moi et toi / ta main fait des miracles. Faut-il pour autant désespérer, car lés pichoulis is fannte / min soufe i s’épart / dins dés camptines d’afants les pissenlits se fanent / mon souffle se disperse / en comptines d’enfants. Tout finit, tout se fane, les plaisirs de la vie ne durent guère, et pourtant… l’hasard i serre mal es porte / et l’ sommèle i m’importe / inter deux raminvrances le hasard ferme mal sa porte / et le sommeil m’emporte / entre deux souvenirs. Il y a là comme un écho lointain, dans la simplicité de ces phrases nues, de ces mots sans afféterie, des premiers

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