3 EDITO Le plus souvent, lorsque l’on fait du théâtre en wallon, c’est un passe-temps… On va répéter une, deux ou trois fois par semaine… Dans un esprit de travail, bien sûr, mais toujours chaleureux – c’est vrai, on fait le même boulot que le théâtre amateur en français, mais sans se prendre la tête, dans une ambiance familiale – chacun apporte ce qu’il peut apporter… Puis vient le jour du spectacle - parfois les jours de spectacle, mais ils sont toujours peu nombreux – et c’est toujours du concentré de plaisir… Si on a pensé, un jour plus difficile « cette fois, c’est la dernière », c’est le moment où on oublie ça, où on s’emballe déjà pour le projet de la prochaine pièce et où on se dit : « pourvu que je sois distribué ! » Faire du théâtre wallon, c’est un passe-temps… … Mais la situation actuelle de notre langue maternelle fait que c’est en fait bien plus que ça, cela nous échappe, mais c’est bien plus que ça. C’est un passe-temps, mais, au travers d’une langue, cela porte une culture… Notre culture. Et la langue va mal… Qu’on le veuille ou non, à petit feu, elle s’éteint… Et tout ce qui souffle encore sur ses braises, c’est ce qui se fait aujourd’hui encore en wallon… dont le théâtre. Cela veut dire que tous les membres de la troupe régisseurs, techniciens, comédiens, mêsses dèl djowe, mais aussi président, secrétaire, trésorier, sans oublier ces mains que l’on dit petites mais sans lesquelles la barquette n’avancerait pas… personnes du comité, du bar, des entrées… Cela veut dire que tous ces membres portent sur leurs épaules, un petit bokèt de la culture wallonne… Tous sont importants… que dis-je importants, tous sont essentiels… Faire du théâtre en wallon, c’est un passe-temps enthousiasmant… … Mais il y a un revers à la médaille… C’est que tout ce que l’on fait, on doit le faire al lèc’sion, parfaitement… Le choix de la pièce, la mise en scène, l’étude, les répétitions, le décors, l’accueil du public… Tout doit se faire au mieux et – sins s’ sofler è cou, mins tot l’ minme – en étant consciente et conscient de sa propre importance… Pas question d’être trop vite content ou, pire, de faire n’importe quoi. Tuzez-î ! Quand je vous disais que vous comptez plus que vous ne le croyez ! Faire du théâtre en wallon, c’est plus qu’un passetemps, c’est une mission ! Jacques WARNIER Vous comptez plus que vous ne le croyez !...
RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk4ODg=