Cocorico

17 INTERLINGUISTIQUE Dans le cadre de la branche appelée pour la première fois « interlinguistique » par le linguiste danois Otto Jespersen (1860-1943), une étude scientifique approfondie pourrait faire apparaître cette propriété extrinsèque de la langue wallonne utilisée par une population qui n’est d’ailleurs jamais restée refermée sur elle-même. De tous temps, les habitants de la partie wallonne du pays ont été en contact avec des personnes s’exprimant dans d’autres langues et naguère, à Gueuzaine (en wallon : Gueûzéne), près de Malmedy, on entendait encore les petites filles réciter des comptines trilingues (wallon, allemand, français) et les marchands de Bastogne se recommander en allemand à la clientèle du pays des « Tiches » (personnes de langue germanique). LANGUES ROMANES ET GERMANIQUES Entre le wallon et le français existent 334 différences syntaxiques, 47 morphologiques, 36 phonologiques, sans oublier 49 variantes sémantiques fondamentales. Parmi les premiers à faire entrer la langue wallonne dans la « cour des grands », Léon Warnant, professeur à l’ULG, arrivait à la conclusion suivante dans une étude très fournie intitulée « La constitution phonique du mot wallon » (1956) : « Nous pouvons, d’autre part, confronter la fréquence des monosyllabes en wallon, en français en anglais et en allemand : Comme on le constate, le pourcentage propre au wallon est supérieur à celui de l’anglais, pour lequel on parle de tendance au monosyllabisme. » (p.138) Un philologue wallon, Roger Viroux, pour sa part a constaté la richesse phonologique du wallon: on y trouve 43 sons et diphtongues, c’est-à-dire 7 de plus qu’en français: ex. en w.: trêze (13), mi (moi) (en anglais: until), tchôd (chaud), houbion (houblon) (le ‘h’ de ‘Honda’ en japonais), åbe (un arbre) (c’est le ‘å’ liégeois qu’on retrouve dans ‘Aarhus’, grande ville du Danemark), mohe (mouche en liégeois) (le ‘j’ de Juan en espagnol), walon (bilabial comme en anglais ‘wild’ (sauvage)), eûwe (eau en namurois), tchèrète (charrette) (comme en tchèque), djeu (jeu) (comme en italien ‘giocare’ (jouer)); le français en possède 2 qui sont inconnus en wallon: le ‘eu’ de beurre, et le ‘ou’ de oui. A la lisière des contrées germaniques, pour toutes sortes de raisons économiques et politiques, le wallon a subi des influences de l’allemand et du néerlandais. Comme l’anglais est leur langue soeur, influencée par les langues romanes et parfois proche du picard (comme dans ‘car’ (auto) qui voulait dire ‘char’ (cf le “Câr d’Ôr” du folklore montois en borain)), il n’était pas difficile de trouver des ressemblances entre le wallon et cette dernière.

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