17 LIVRES NOUVEAUX EN WALLON Une chronique de Joseph Bodson Bernard Louis, Dames, douzains en wallon central, illustrations de Sabine De Coene, 80 pp., Crombel, Boulevard Roullier, 1, 6000 Charleroi, 2024. Ce n’est pas un hasard si une citation d’Albert Maquet ouvre ce recueil : on connait assez son attachement à tout ce qui touche à l’Antiquité, la finesse de ses interprétations, mais aussi le piquant de ses allusions. Bernard Louis bien sûr peut s’en réclamer à bon droit, mais les portraits qu’il nous offre ici sont, me semble-t-il, d’une tout autre tonalité. S’ils se réfèrent à l’Antiquité, c’est avec plus de bonhomie, de gentillesse même, et parfois de tristesse voilée. Chacun son goût, me direzvous, mais le mien, pour cette fois, pencherait plutôt vers la bonhomie, disons, pour faire court, vers Brassens chantant Villon et la Ballade des Dames du temps jadis. Une familiarité que l’on trouve d’ailleurs aussi chez Clément Marot, chez Charles d’Orléans, et bien d’autres encore…Mais on aurait tort de ne voir dans l’antiquité grécoromaine qu’un magasin d’accessoires dramatiques. Tenez, souvenez-vous du vieil Homère, et de la dernière entrevue d’Hector et Andromaque, et du petit Astyanax jouant avec le casque de son père, ou peu s’en faut. Et c’est par elle que Bernard Louis entame son recueil : « Èle lès-a tant vèyu voltî ; / Adon li vîye èsteut midone. /Mins l’ poûrîye guêre a v’nu brouyî/ Li grand boneûr què lès rachone. // -I s’ faut disfinde pad’vant l’in.nemi !, / Li ci qu’dit ça, i n’a nin twârt. /Dèl mwin d’Achille, sès frés sont mwârts. / Po lès r’vindjî, èle dit oyi. // Mins qu’Hector fêye au mwins one taudje / Èt qu’ su l’ mur, i l’ vègne rabrèssî. // Èle lî f’rè veûy come one umaudje / Li djôye di s’ clouk, què lî sorît » « Elle les a tellement aimés ; / Alors, la vie était prodigue. /Mais la pourrie guerre est venue gâter / le grand bonheur qui les rassemble. // - Il faut se défendre face à l’ennemi !, / Celui qui dit cela n’a pas tort. / De la main d’Achille, ses frères sont morts. / Pour les venger, elle dit oui. // Mais qu’Hector fasse au moins une pause / Et qu’il vienne sur le rempart l’embrasser. Elle lui fera voir comme une image, / La joie de son petit qui lui sourit. » Et ce ne sont pas seulement les images de paix et d’amour qu’il faut saluer : de telles images, sorties bien souvent tout droit de leur paysannerie, telle que nous l’avons connue, donnent à ce recueil un ton qui fleure bon la vie simple et bon enfant telle qu’elle a
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