Congrès Statutaire 2000


Congrès statutaire et d'Orientation - Liège juin 2000


I. Motion générale
II. Motion relative au Conseil des Langues régionales endogènes de la Communauté française de Belgique.
III. Motion relative à la signature puis à la ratification par la Belgique de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
IV. Motion concernant la normalisation de la langue.
V. Motion concernant les médias.
VI. Motion relative aux relations internationales.
VII. Motion concernant les pouvoirs publics.
VIII. Motion concernant l'enseignement.

MOTION GENERALE

L' Union Culturelle Wallonne réunie en Congrès statutaire et d'orientation à Liège ce 17 juin 2000 se réaffirme comme le plus ancien et le plus important mouvement volontaire fédérateur wallon.

Forte de ses cinq Fédérations provinciales, auxquelles sont affiliées trois cents sociétés locales et ses nombreux membres à titre individuel, l'Union Culturelle Wallonne entend défendre et promouvoir les valeurs culturelles véhiculées par les langues régionales endogènes de la Wallonie.

Il faut à la Wallonie un véritable projet culturel qui révèle son identité de région dans l'Europe des cultures.

L'Union Culturelle Wallonne est un mouvement au service de la démocratie culturelle; son action est guidée par un souci permanent d'ouverture et de progrès.

L'Union décide de s'adresser et de fédérer davantage tous les Wallons d'ici, d'Europe et du monde afin qu'ensemble ils soient les témoins attentifs et les responsables de leurs spécificités.

L'Union demande avec insistance au peuple wallon une conscience plus vive de sa propre culture dont les composantes essentielles sont les langues régionales. L'unique chance d'affirmer notre identité est de travailler et de nous engager dans l'unité.

 

II

MOTION
RELATIVE AU CONSEIL DES LANGUES REGIONALES ENDOGENES DE LA COMMUNAUTE FRANÇAISE DE BELGIQUE

Souhaitant

la reconduction du Conseil des Langues régionales endogènes de la Communauté française de Belgique pour l'exercice 2001-2004;

s'appuyant

sur le décret de la Communauté française de Belgique du 14 décembre 1990 relatif à la protection et la promotion des langues régionales endogènes ;

l'Union Culturelle Wallonne, réunie en Congrès statutaire et d'orientation ce 17 juin 2000, à Liège :

recommande

la poursuite de la politique d'aide à l'édition entreprise par ledit Conseil;

réclame

une augmentation des budgets consacrés aux langues régionales qui tienne compte au moins de l'inflation;

requiert

un élargissement des activités dudit Conseil en vue de l'instauration d'une politique globale de mise en valeur des langues régionales;

exige

la réactivation des démarches entreprises par ledit Conseil pour l'intégration des cultures et des langues régionales dans l'enseignement et dans les médias qui relèvent de la Communauté Wallonie-Bruxelles.

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III

MOTION
RELATIVE A LA SIGNATURE PUIS A LA RATIFICATION PAR LA BELGIQUE DE LA CHARTE EUROPEENNE DES LANGUES REGIONALES OU MINORITAIRES

Considérant

que le décret de la Communauté française de Belgique du 14 décembre 1990 relatif à la protection et à la promotion des langues régionales endogènes est en parfaite concordance avec la Charte européenne des Langues régionales ou minoritaires;

rappelant

que le Conseil des Langues régionales endogènes de la Communauté française de Belgique a fait connaître à de multiples reprises son souhait de voir cette Charte signée et ratifiée par la Belgique, que ce Conseil a fait depuis quelque temps des propositions concrètes en ce sens au Gouvernement fédéral et que vingt-deux pays de l'Union européenne ont signé cette Charte dont neuf d'entre eux l'ont ratifiée à ce jour, remplissant ainsi les conditions d'une entrée en vigueur dudit document;

signalant

que le Conseil international de la Langue française a voté une motion par laquelle il souhaite que tous les pays francophones concernés signent puis ratifient cette Charte ;

l'Union Culturelle Wallonne, réunie en Congrès statutaire et d'orientation ce 17 juin 2000, à Liège :

exige

la signature puis la ratification par la Belgique de la Charte européenne des Langues régionales ou minoritaires;

réclame avec insistance

une intervention de la Communauté Wallonie-Bruxelles et de la Région Wallonne en ce sens auprès des autorités fédérales, afin de voir concrétiser ainsi sa dernière déclaration gouvernementale sur ce sujet.

A cet effet, les différents Parlements sont invités à voter une motion appelant le Gouvernement Fédéral à examiner ce problème dans les plus brefs délais.

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IV

MOTION CONCERNANT LA NORMALISATION DE LA LANGUE

Le Congrès

ayant pris connaissance

de la publication des rétroactes et de la communication sur la normalisation de la langue qui

  • soulignent la motivation de l'action et la philosophie qui la sous-tend,
  • font part de la méthodologie adoptée et des suggestions proposées;

affirme

son souci primordial d'assurer la pérennité de toutes les langues régionales de Wallonie ;

estime

qu'il est important, dès lors, de donner aux Wallons d'aujourd'hui, mais surtout de demain, le maximum d'outils pour que ce but soit atteint, et, parmi ceux-ci, la planification écrite de leur langue, la reconnaissance et la propagation des néologismes;

rappelle

qu'en aucun cas la langue écrite planifiée n'est destinée à remplacer le wallon parlé. Les locuteurs doivent rester libres de s'exprimer dans le wallon qui leur est propre ou qu'ils ont choisi;

encourage

les actions qui ont pour but de renforcer la cohésion entre les Wallons, et parmi elles, la planification écrite de leur langue;

engage

les différentes instances de l'Union Culturelle Wallonne, les Fédérations, les groupements affiliés, à utiliser au maximum les langues régionales de Wallonie, lors de leurs travaux mais surtout et avant tout dans la vie quotidienne, en les parlant mais aussi en les écrivant ;

charge

le Conseil Exécutif, durant la présente législature, d'organiser un large débat sur la normalisation de la langue.

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V

MOTION CONCERNANT LES MEDIAS

Constatant objectivement

le peu de place réservée aux langues régionales de Wallonie dans le paysage audiovisuel de la Communauté française de Belgique. En effet :

  • en radio, si l'on peut constater une amélioration de certaines émissions de la R. T. B. F. en décrochage régional, les émissions souffrent toujours d'une attribution très défavorable des créneaux horaires, du manque flagrant de moyens financiers et même, pour certaines d'entre elles, du minimum requis de moyens humains;
  • en télévision, malgré la production de " Wallons Nous ", les langues régionales de Wallonie restent quasiment absentes du quotidien télévisuel des Wallons;
  • en matière de télévisions communautaires, si l'on décèle un intérêt nouveau pour certaines activités et l'une ou l'autre expérience intéressante, la majorité des centres ne remplissent aucunement leur rôle de " télévision de proximité " en valorisant l'existence des langues régionales de Wallonie.
  • Dans le secteur des radios locales, on connaît une diversification d'émissions dans l'ensemble de la Wallonie.

Alors que les langues régionales bénéficient dans la plupart des pays d'Europe de plages-horaires importantes, le wallon, le picard, le gaumais et le champenois, sont mal diffusés cependant que la vie culturelle est riche d'événements qui mériteraient d'être captés et diffusés

le Congrès

estime

que la diffusion des langues régionales de Wallonie dans les médias est encore marginalisée.

En conséquence, le Congrès

charge

les instances de l'Union Culturelle Wallonne :

  • de poursuivre les contacts avec la R. T. B. F. et les stations privées (y compris R. T. L. TVi) afin de les sensibiliser à l'utilité de la diffusion d'émissions en langues régionales de Wallonie;
  • de poursuivre les contacts avec la R. T. B. F., la Fédération des Télévisions locales et les stations privées afin de les sensibiliser au travail conséquent fait d'initiative par les autres télévisions d'Europe dans la diffusion et la promotion des langues régionales;
  • d'envisager l'organisation d'actions en rapport avec le manque de volonté des médias de faire une place aux langues régionales de Wallonie;
  • d'améliorer sans cesse la collaboration établie avec la presse écrite.

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VI

MOTION RELATIVE AUX RELATIONS INTERNATIONALES

Si l'Union Culturelle Wallonne entend prendre en charge la défense des parlers wallons et de la culture régionale, c'est parce qu'elle souhaite que les Wallons soient des Européens de " quelque part ".

Le Congrès :

décide

de poursuivre son action au sein de l' Association internationale pour la Défense des Langues et des Cultures Menacées (A.I.D.L.C.M.), du Comité International des Fédérations du Théâtre Amateur (C.I.F.T.A.) et de l'Association Internationale du Théâtre d'Amateur (A. I. T. A.), afin d'y affirmer l'existence de la Wallonie, d'y présenter la culture et les créations de notre Région, de contribuer à la construction de l'Europe des cultures et des diversités, seule garante de la paix et de la démocratie ;

souhaite

que le Commissariat général aux Relations internationales de la Communauté française de Belgique (C.G.R.I.) amplifie son aide pour la promotion de nos créateurs dans le monde;

que, conformément aux directives européennes en matière de langues et cultures régionales et minoritaires, l'avenir de nos langues régionales soit mieux pris en compte par les instances de l'Union européenne.

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VII

MOTION CONCERNANT LES POUVOIRS PUBLICS

Le Congrès

réclame

des pouvoirs publics en général, pour les domaines entrant dans leurs compétences et pour les territoires placés sous leur juridiction, une action volontariste et ferme en faveur de l'utilisation et de la mise en valeur des langues régionales de Wallonie.

Le Congrès

exige, en particulier,

par une action permanente des pouvoir publics de tous les niveaux :

  1. que l'emploi des langues régionales, dans tous les domaines de la vie des hommes, soit enfin reconnu comme valeur culturelle à part entière;
  2. que le wallon, le picard, le gaumais et le champenois s'inscrivent clairement comme parties intégrantes du patrimoine de la Wallonie et puissent bénéficier du même respect, du même souci de préservation et de promotion, de la même volonté d'étude scientifique que les autres facettes de notre patrimoine, tout en tenant compte de cette particularité évidente, qu'il s'agit d'un patrimoine immatériel mais vivant;
  3. que les décrets du Conseil de la Communauté française de Belgique des 2 février 1983 et du 14 décembre 1990 bénéficient enfin d'applications sans lesquelles ils ne peuvent rester que des textes symboliques de la volonté politique d'un moment;
  4. que le Conseil des Langues Régionales Endogènes - à l'instar des autres Conseils Supérieurs Consultatifs - soit confirmé dans son indispensable rôle d'avis, et que ceux-ci soient suivis d'effets ;
  5. que lorsque les autorités politiques utilisent les langues régionales de Wallonie, elles abandonnent l'aspect trop souvent limité au seul folklore et qu'elles s'inscrivent dans une recherche de qualité de la langue par consultation d'associations ou de personnes-ressources;

Le Congrès

réclame, avec force, des pouvoirs publics issus, à tous les niveaux, du choix démocratique des citoyens et fonctionnant grâce aux deniers publics, un soutien efficace à l'action permanente de l'Union Culturelle Wallonne et de ses composantes pour la concrétisation du Projet Culturel Global qui veut engager le peuple wallon dans la pratique de sa culture particulière.

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VIII

MOTION CONCERNANT L'ENSEIGNEMENT

Prenant comme référence

les travaux de pédagogie et de psycholinguistique qui font autorité et dont les conclusions confirment depuis longtemps le bilinguisme langue véhiculaire / langue régionale comme un élément essentiel prédisposant à l'apprentissage d'autres langues, ainsi qu'au développement intellectuel et social de l'enfant,

le Congrès

réclame

de tous les Pouvoirs et des Partenaires une attention très particulière à l'intégration de la langue régionale endogène, outil de développement intellectuel, linguistique et culturel, dans le processus éducatif des enfants et des adolescents, ainsi que dans la formation des jeunes adultes;

s'adresse

particulièrement

au Ministre de l'Enfance et de l'Enseignement fondamental pour qu'il adopte enfin une attitude générale conforme à la volonté des Wallons d'intégrer leur langue régionale dans leur développement culturel,

de manière générale

au même Ministre et à sa formation politique pour qu'ils marquent clairement leur volonté d'aller dans le sens des nombreuses initiatives des gouvernements démocratiques européens quant à la reconnaissance et la promotion des langues régionales, particulièrement dans l'enseignement ;

demande

avec une extrême insistance que, conjointement à l'introduction prônée d'un bilinguisme obligatoire dans l'enseignement primaire, soient enfin mis en application, par des mesures et des moyens adaptés, les dispositions des Décrets du 2 février 1983, du 14 décembre 1990 ainsi que du récent Décret de juillet 1998 relatif aux Arts de la Parole dans les Académies de Musique et dans l'Enseignement Secondaire à Distance, en s'inspirant aussi des recommandations déposées par la Commission d'intégration des langues régionales et ratifiées par le Conseil des langues régionales endogènes de la Communauté française de Belgique;

se tient

à disposition pour un partenariat efficace en vue d'assurer une maîtrise des langues régionales dans la formation initiale et continuée des enseignants.

En conséquence, le Congrès :

mandate

les instances de l'Union Culturelle Wallonne pour poursuivre des démarches opportunes et suivies auprès des Pouvoirs Organisateurs et des Organisations reconnues des parents, des enseignants et des étudiants, tous niveaux et tous types d'enseignement confondus;

souhaite

une intervention rapide auprès des Institutions de formation des futurs enseignants afin d'obtenir l'inscription de l'apprentissage et de l'exploitation des langues régionales endogènes dans leurs programmes;

invite

les responsables des compagnies théâtrales et des Centres régionaux qui assurent des cours de wallon à collaborer en vue d'assurer, notamment aux jeunes comédiens, une formation à la langue en vue d'une communication orale correcte et rigoureuse dans la langue régionale (qui ne peut se contenter d'être du français teinté des accents picards, gaumais, champenois ou wallons) ;

demande

à tous les membres de l'Union Culturelle Wallonne de se considérer comme les premiers acteurs de l'apprentissage et de la transmission des langues régionales dans leur entourage et leur famille.

propose

aux mandataires politiques membres ou sympathisants de l'Union de se regrouper dans une association dont le but serait de défendre l'intégration des langues régionales dans l'enseignement;

insiste

pour que les membres de l'Union Culturelle Wallonne prennent l'engagement de solliciter les pouvoirs de proximité (communes, provinces,...) afin de développer dans leur entité toutes initiatives favorables à l'apprentissage et à l'usage des langues régionales, comme les y autorise le décret de 1983.